
J'ai appris aujourd'hui avec beaucoup de tristesse la mort de Marc Linkous, cavalier seul de Sparklehorse, groupe américain fondateur d'une country punk, fille de Neil Young, au milieu des années 90.
La liste des musiciens morts de maladie ou qui ont choisi de mettre fin à leurs jours s'allonge... Après Vic Chesnutt il y a quelques semaines - un possible frère d'infortune pour Mark Linkous - Llassa et Mano Solo. Depuis l'hécatombe Kurt Cobain, Jeff Buckley, Elliott Smith, les choses semblaient s'être un peu calmées, au moins dans le tout petit monde du rock.
Beaucoup de ces chanteurs choisissent d'explorer leur part la plus sombre. Marc Oliver Everett, dit E, le chanteur de Eels, a connu des drames innombrables. Il est toujours là... Bizarrement j'ai immédiatement pensé à lui après l'annonce du décès de Linkous.
Mark Linkous était sans doute auto-destructeur. Il était réputé avoir des phases apathiques. Je me souviens la première fois que je l'ai vu en live à Canal +, chapeau de cowboy enfoncé sur ses longues mèches noires, contrôlant ses pédales d'effets sur une chaise roulante, l'air ailleurs. Le pire est que ça lui allait aussi bien que Kurt Cobain se faisant conduire sur la grande scène de Reading en 1992, jouant au vieillard paralytique. Sparklehorse donc, mais pattes cassées, et c'est fatal pour un cheval. En 1997, après avoir récupéré de cette paralysie, séquelle laissée par une overdose, il remontait sur scène debout pour une tournée des Zenith en première partie de Radiohead, et c'était aussi curieux que de voir pour la première fois Ben Harper se lever de son fauteuil de jeune sage, d'autant que Linkous était plutôt un géant.
Ses concerts étaient parfaitement inégaux. En 2001, il donna une poignées de concerts sublimes avec beaucoup de cordes, violons, guitares pour promouvoir son plus bel album It's a wonderful life. L'année d'après au festival des Inrocks on le vit faire une mauvaise prestation, formule White Stripes, assez désincarnée, et loin de son public. S'en étaient suivies quelques années de semi hibernation, entrecoupées de collaborations avec l'électronicien Fennesz et le producteur Danger Mouse pour inventer des formes plus originales que les D.A. d'EMI n'ont pas "validées" à temps... Comme Vic Chesnutt, Mark Linkous avait gardé sa base d'admirateurs indés, mais ce n'était sans doute pas suffisant pour vivre correctement de son art. Aujourd'hui, je me demande comme EMI fait pour garder des artistes comme Jonsi, de Sigur Ros.
En fin 2006, je devais interviewer Mark Linkous, mais il s'était rétracté. On m'avait prévenu qu'il était coriace et pas très loquace. Thom Yorke, PJ Harvey ou Tom Waits en parleront certainement mieux dans les jours prochains. Chroniquant l'album Dreamt for light years in the belly of a mountain pour LesInrocks.com, je ne me rendais pas compte en décrivant ce que pouvait vouloir dire l'instrumental final que les mots que j'employais évoquaient une sorte de longue piste vers la mort.
http://www.lesinrocks.com/musique/musique-article/article/mark-linkous-cavalier-seul-de-sparklehorse-sur-les-inrockscom/
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